
Trio de choc !
Au début des années 2000, la troupe de l'Opéra national de Lyon était une formidable pépinière de jeunes prodiges. Karine Deshayes fait partie de cette génération bénie. Elle qui s'est mise à la musique à travers le violon, c'est par le Stradivarius de sa voix que, très vite, elle se fait remarquer. La beauté de son timbre n'étonne pas moins que la sidérante longueur de sa tessiture. Dès ses années lyonnaises, la jeune mezzo-soprano montre l'étendue de ses dons : Mozart, Rossini, Bellini, Offenbach, Dvořák, Ravel ou encore Britten, rien ne résiste à cette boulimique de travail ! Très vite aussi, elle se fait connaître à l'étranger, et d'emblée dans les plus grandes institutions : pour ses débuts aux États-Unis, c'est en effet directement le Metropolitan Opera de New York qui l'invite pour y chanter Siebel (Faust, 2007). L'Opéra national du Rhin avait déjà pris rang, lui offrant dès 2005 Béatrice dans l'ultime chef-d'œuvre lyrique de Berlioz, Béatrice et Bénédict. On y découvrait alors non seulement une formidable chanteuse, mais surtout un être humain d'une rare qualité, collègue attentive et attentionnée, à la bonne humeur communicative ! Elle reviendrait sur nos scènes de Strasbourg et Mulhouse pour un sidérant Urbain dans Les Huguenots de Meyerbeer -- mémorable production signée Olivier Py, en coproduction avec La Monnaie de Bruxelles.
Pour son récital, elle a choisi de s'entourer de deux artistes majeurs de la scène internationale actuelle : le pianiste Philippe Cassard et le clarinettiste Philippe Berrod. Du premier, on ne sait que louer d'abord : si sa carrière soliste parle d'elle-même, avec des disques Schubert parmi les plus beaux jamais enregistrés, Philippe Cassard est aussi un homme de partage. Producteur à France Musique, où ses émissions nous ont rendu accessibles les compositeurs et les interprètes les plus divers, il se produit très régulièrement en musique de chambre avec des instrumentistes ou des chanteurs tels qu'Isabelle Faust, Anne Gastinel, David Grimal, Natalie Dessay ou encore Frédéric Pescia. Quant à Philippe Berrod, il a porté l'art de la clarinette à son meilleur, servant avec un égal bonheur les répertoires classiques et la création contemporaine -- il a créé des œuvres d'Olivier Greif, Bruno Mantovani, Nicolas Bacri, Philippe Hersant... Un trio de choc pour une soirée à ne manquer sous aucun prétexte.