
Hommage à Suzanne Sarroca
C’est avec émotion que nous avons appris la disparition de Suzanne Sarroca, illustre cantatrice française qui fut, à la fin de sa carrière, directrice de l’Atelier lyrique de l’Opéra du Rhin.
Suzanne Sarroca dans le rôle de la Maréchale, à gauche sur la photo, au côté de Nadine Denize (Le Chevalier à la rose, 1976/1977) | © Alain Kaiser
Née à Carcassonne en 1927, Suzanne Sarroca a étudié au Conservatoire de Toulouse avant d’aborder les grands rôles de mezzo-soprano du répertoire (Carmen, Charlotte dans Werther, etc.). Mais elle évolue bientôt vers les rôles de soprano grand lyrique. Elle fait d’ailleurs des débuts remarqués à l’Opéra de Paris en 1952 dans le rôle-titre de Tosca. Elle devient dès lors un des piliers de la troupe de l’Opéra, où on peut l’entendre en Senta (dans Le Vaisseau fantôme), Elisabeth de Valois (dans Don Carlos), Santuzza (dans Cavalleria Rusticana) ou dans le rôle-titre d’Aïda. Elle se produit aussi sur nombre de scènes françaises, notamment à Toulouse, Marseille, Bordeaux, et bien évidemment Strasbourg, ainsi qu’à l’étranger : Bruxelles, Buenos Aires, Genève ou Londres. Après la dissolution de la troupe de l’Opéra de Paris, elle continue d’être invitée par l’institution désormais dirigée par Rolf Liebermann (dès 1973).
Sa voix grande et longue lui permettait d’aborder un vaste répertoire. L’âge venant, elle revint à certains rôles situés entre le soprano et le mezzo, notamment celui de Mère Marie dans Dialogues de carmélites de Poulenc, qu’elle chanta à l’Opéra du Rhin en 1982 aux côtés de Régine Crespin en Première Prieure.
De 1983 à 1985, elle dirige l’Atelier lyrique de l’Opéra du Rhin, établi à Colmar depuis déjà dix ans. Elle s’adonne aussi à l’enseignement au Conservatoire du 9e arrondissement de Paris jusqu’en 1992. Retirée dans sa ville natale de Carcassonne, elle y est décédée le 15 septembre dernier à l’âge de 96 ans. Avec elle, c’est une des dernières représentantes du chant français de l’après-guerre qui disparaît.